Surfaces Sensibles
Je suis une fille de la ville, une urbaine. De la surface de l’asphalte, je connais l’odeur, les jours de pluie. Mais je suis aussi une femme des bois. Et la nature qui m’est familière, c’est celle des avenues de platanes, de marronniers et de tilleuls. C’est celle des massifs de fleurs dans les jardins d’enfants. C’est celle de mes jardinières, plantées de roses sur mon balcon. C’est celle des plantes vertes qui peuplent mon salon. Ici, j’ai fixé cette flore coutumière, halte furtive au détour d’un trajet quotidien : des images au polaroid, qui lui aussi force la pause. La surface sensible de la pellicule rejoint la photosensibilité des plantes. Et les images, séparées de leur squelette de plastique, se décomposent, comme le ferait une feuille qu’on aurait arrachée de son arbre. Seul reste le souvenir flottant de ce moment de nature fugace.