


















Je suis une fille de la ville, une urbaine. De la surface de l’asphalte, je connais l’odeur, les jours de pluie. Mais je suis aussi une "feuillue", par l'étymologie du nom de mon père. La nature m'accompagne chaque jour, elle fait partie de mon identité. Et cette nature qui m’est familière, au quotidien, c’est celle des avenues de platanes, de marronniers et de tilleuls. C’est celle des massifs de fleurs dans les jardins d’enfants. C’est celle de mes jardinières, plantées de roses sur mon balcon et des plantes vertes qui peuplent mon salon. C'est une nature apprivoisée, docile, mais toujours surprenante. Ici, j’ai fixé cette flore coutumière, halte furtive au détour d’un trajet quotidien : des images au polaroid, qui lui aussi force la pause. La surface sensible de la pellicule rejoint la photosensibilité des plantes. Et ma propre sensibilité, éprouvée par la dureté de ce paysage urbain, froid et bétonné, reprend son souffle. Les images, séparées de leur squelette de plastique, se décomposent, comme le ferait une feuille tombée de son arbre. Seul reste le souvenir flottant de ce moment de nature fugace.