Les liseurs
Quand j'étais enfant, mon trajet pour aller à l'école se faisait en métro. Trente minutes aller, trente minutes retour, chaque jour. Ces minutes étaient pour moi des moments suspendus aux pages des livres qui m'accompagnaient. J'étais une boulimique de lecture, insatiable. Et je croisais souvent d'autres amoureux des livres, assidus, penchés sur les pages de leurs imaginaires quotidiens. Aujourd’hui les livres se font plus rares dans les rames parisiennes, remplacés par les téléphones, plus légers, multifonctionnels, rapides, addictifs. Moi-même je lis moins, et visionne plus. Mais je suis toujours enchantée de croiser un adepte du papier, qui résiste encore à l’envahisseur numérique. M’est venue l’envie de photographier ces dissidents avec l’objet démoniaque de cette déchéance, ironie du moment. Je voulais garder une trace de cette espèce en voie de disparition : les liseurs.